Les Fines Goules refont le match

2 octobre 2016 1 Par CyrilBasco

Finies les vacances et retour aux choses sérieuses avec le match en retard de la saison 2016 des Fines Goules avec notre séance de dégustation “caisse mystère”.

Cette année, c’est Bapt qui s’y colle avec un de ses cavistes favoris parisiens. En ramenant les 6 vins choisis par son caviste, il nourrit l’espoir de renouveler l’exploit de Cédrig lors de la Caisse Mystère 2013: il avait touché le jackpot en retrouvant à l’aveugle un des vis achetés chez son caviste.
Cédrig absent ce soir-là pour cause d’épidémie familiale de gastro laissait libre le boulevard du succès et de la parole déchainée à Bapt. Heureusement le stress de la compétition et l’effet krypronite de l’horloge franc-comtoise l’ont vite assagi après l’esbroufe des premières bouteilles.

Hakim, arbitre international de Montigny, nous avait concocté un barème qui est au concours de dégustation ce que le découpage des circonscriptions est aux élections politiques.
Voici donc pour nos archives le barème de la Caisse Mystère 2016:
– cépage: nommer un seul cépage. 1 point par tranche de 10% de la proportion de ce cépage dans le vin.
– AOP: citée une Appellation. 7 points pour la bonne, 4 points si l’appellation citée n’est pas bonne mais dans la même région viticole que le vin. Les régions sont délimitées ainsi: Bordeaux, Bourgogne, Loire, Alsace, Languedoc-Roussillon, Provence, Corse, Sud-Ouest, Jura, Savoie, Rhône, Champagne.
– Millésime: 3 points. Pas de tolérance.
– Domaine/Producteur: bonus de 3 points.
– Nom de la cuvée: bonus de 2 points.

Comme pour une séance standard, la note de plaisir était aussi à donner malgré la dimension cérébrale de l’exercice.

L’apéro avait un peu trainé en attendant les retardataires (tout le monde sauf Mika)… et le maitre de cérémonie et fournisseur de bouteilles Bapt, le Johnny de la soirée qui avait laissé à sa douce le soin de préparer les bouteilles en les transvasant dans des contenants anonymes.
Pour conserver la neutralité des palais, mise en bouche avec un Verdejo espagnol puisque la consigne du choix des bouteilles Mystère était de ne pas sortir du classicisme français.

 

 

 

 


Vin#1: Marsanne (10 points) Roussane (0 poitns), Saint-Joseph, Rhône 2014, Christophe Pichon
Prix caviste 21,50€

Beaucoup de Chardonnay dans les réponses, dont l’impression est renforcée par l’élevage en fût. La brulure de l’alcool fait penser au grenache blanc.

Note moyenne de plaisir: 12,7

 

 

 

 

 

Vin#2 Riesling, Mosel, Allemagne, 2003, Alfred Merkelbach, Ürziger Würzgarten Riesling Auslese, Alfred Merkelbach
Prix caviste 29,90€

Sabotache: Un piège puisque nous sortons de la consigne des frontières françaises.
Nos grands chefs qui avaient dégustés la semaine précédente les Riesling alsaciens ont reconnu sans faillir les notes pétrolées du cépage. Beaucoup sont restés en Alsace mais trompés par les sucres de ce vin se sont éloignés du cépage.

Note moyenne de plaisir: 13,2

 

 

Vin#3 Gamay, Bourgogne, Saint-Amour, 2014, Domaine du Chatelet, Vieilles Vignes,
Prix caviste 16,00€

Vin très peu apprécié. Seul l’unique amateur inconditionnel du Gamay présent ce soir-là reconnait le cépage. Les autres, ne sachant pas ce qui est bon et ne pouvant pas écrire ce comtpe-rendu, errent dans le dictionnaire des cépages, avec l’apparition du Merlot de bourgogne.

Note moyenne de plaisir: 11,0 (la plus mauvaise note de la soirée)

 

 

 

Vin#4 Cinsault (10 points), Languedoc-Roussillon, Minervois, 2009, Boyer-Domergue, Campagne de Centeilles,
Prix caviste 15,40€

Un peu taquin puisque ce 100% Cinsault pour les œnophiles amateurs du domaine est annoncé à 80-95% pour garder l’appellation Minervois. Mais bon, personne n’avait trouvé l’appellation. Et bravo à Bapt qui signe là son coup d’éclat en reconnaissant le Cinsault.

Note moyenne de plaisir: 12,5

 

 

 

 

Vin#5 Syrah (3 points) Grenache (4 points) Mourvèdre (3 points), Languedoc-Roussillon, Languedoc Saint-Saturnin, 2011, Mas d’Estelle, Cor Rouge
Prix caviste 13,00€

Le vin le plus classique de la sélection, mais les dégustateurs avaient perdu leur repères avec le Gamay et le Cinsault précédent ne savaient plus où aller. Mais ils ont apprécié.Comme quoi avec le vin le bonheur est dans l’égarement.

Note moyenne de plaisir: 14,1 (meilleure note de la dégustation, statistiquement meilleure que le Gamay pour nos dégustateurs).

 

 

Vin#6 Syrah, Cornas, Rhône, 2013, Domaine Durand, Prémices
Prix caviste 26,60€

Heureusement, nous finissons par un grand classique à la lecture simple pour les érudits . Manque un peu de soleil en 2013 pour être classé correctement dans la dernière appellation au sud du nord.

Note moyenne de plaisir: 13,5

 

 

 


On refait le match.
Un caviste joueur qui a surestimé nos talents de dégustateur en nous concoctant la caisse de 6 bouteilles:
– pas de Bordeaux dans la sélection: participation au Bordeaux bashing ou piège pour les stratèges qui s’attendaient à trouver au moins une bouteille de la région viticole la plus célèbre au Monde ?
– un Riesling Auslese en dehors des règles de sélection (pas français et non représentatif des styles de vins français).
– Un Cinsault pur. Cépage certes à la mode (à juste titre pour les amateurs de Pinot et ceux qui auront cru reconnaitre un merlot de Bourgogne) mais qui ne représente que lui-même et la conviction des rares vignerons qui le réhabilitent en dehors des appellations.

Un vainqueur incontestable (bibi) que toutes les mauvaises fois ne peuvent pas remettre en question, ni les points litigieux récoltés sur des “Vieilles Vignes”. Marsanne et Gamay auront été les juges de paix de cette année.

Pour les matheux, les apparentements entre les dégustateurs d’après les notes de plaisir qu’ils ont données aux vins.