Les Fines Goules recracheront-ils le Mollard de Baptiste ?
Aux Fines Goules, il y a ceux dont le passe-temps est de tendre leur verre de dégustations aux vignerons ou de répéter leur gamme des AOC françaises pour se frotter aux concours de dégustation. Il y a ceux qui boivent du vin pour passer un bon moment avec les copains et leur faire partager leur plaisir. Et puis il y a Baptiste. Dilettant contrarié qui se rêve en Toulouse Lautrec du vin. Courant après tous les clichés du bobo parisien échouant chez les cavistes de vin nature au pied de la butte de Montmartre. Tous les matins en se rasant, Cocteau lui susurre à l’oreille “Ce qu’on te reproche, cultive-le, c’est toi “. Donc quand il rentre de vacances, il ne peut pas s’empêcher de nous ramener des trouvailles qu’aucun autres touristes n’auraient fait l’effort de rechercher.
Son séjour estival dans les Hautes-Alpes l’avait mis en contact du cépage rouge local au nom malheureux de Mollard. Faire du vin dans cette région est déjà suffisamment compliqué pour que leur renommée dépasse difficilement les cantons locaux. Demander à des cavistes du cru d’échantillonner la crème de leurs produits régionaux tant appréciés pendant les vacances nous a déjà valu de jolis plantages à nos plus expérimentés animateurs ici (Kiki en Corse) ou là (Raf en Roussilon).
Accepter que Baptiste nous ramène du Mollard et anime une séance pour nous faire découvrir ce trésor caché de notre production viticole est un des meilleurs teasers des séances des Fines Goules.
Les six vins ont été répartis en deux groupes, le premier des trois vins 100% Mollard servis à l’aveugle et aléatoirement; le second des trois vins beaucoup moins ou pas de Mollard, toujours à l’aveugle et toujours aléatoirement.
Vin#1
La robe est sympa. Le nez est sur la vanille, le caramel, la réglisse, et la cannelle. La bouche est légère puis tannique. Toujours un peu de vanille. De l’amertume ou une fraicheur mentholée en finale.
Note de plaisir: 11,1. La troisième marche du podium.
Vin#2
Couleur un peu plus rouge foncé que le précédent. Nez pus discret et plus floral. Du bois et du poivre fugaces. Bouche plus équilibrée. Belle attaque sur le fruit. De la matière. Une sensation de fève pas cuite (amertume).
Note de plaisir: 13,2. La médaille d’or de la soirée. Quoique statistiquement équivalent à la médaille d’argent.
Vin#3
Couleur claire. Nez un peu sur la bouse, la vanille, la fraise et le citron. Bouche épicée, un peu perlante.
Note de plaisir: 12,4. La médaille d’argent de la soirée et statistiquement premier ex aequo.
Vin#4
Sent l’écurie. De début à la fin.
Note de -dé-plaisir: 7,0. Le dernier de la séance et une des pires notes recensée sur le Fines Goules. Bravo Baptise, tu as un record: nous ramener des Hautes-Alpes un vin pire que ce que les cavistes parisiens te refourguent.
Vin#5
Couleur foncée, bordure début d’orangé. Nez cerise griotte. Un peu mentholé et un peu tabac. Sent le renfermé. Début de bouche lactée. Astringent et piquant en finale.
Note de plaisir 9,3. L’avant dernier de la soirée, statistiquement au pied du podium avec le 5ème.
Vin#6
Couleur proche du Vin#5. Nez poivre, cerise à l’eau de vie. Bouche long et équilibré mais pas bon: astringence et amertume.
Note de plaisir: 10,1. Le quatrième de la séance. Pas différent du 5ème.
Le coin du statisticien
Nous n’étions que 9, mais nous étions suffisamment d’accord entre-nous pour enfoncer sans indulgence les vins choisis par Bapt. Les notes sont basses, voire très basses et permettent de séparer significativement les six vins en 4 groupes différents, ce qui est très rare.
Les trois Mollard occupent le podium, et le Merlot (Vin#4, #5 et #6) n’a vraiment pas sa place dans le panthéon des vins Alpins pour les Fines Goules.
Les 9 Fines Goules du soir se dispersent bien grâce au Mollard et s’éloigne du super consensuel Vivino.
